samedi 22 août 2015

De l'inconvénient d'etre né (extraits)

Je sens que je
suis libre, mais je sais que je ne le suis pas.

 *
 Je supprimai de mon
vocabulaire mot après mot. Le massacre fini, un seul rescapé : Solitude.
Je me réveillai comblé.

 *
 Si j’ai pu tenir jusqu’à
présent, c’est qu’à chaque abattement, qui me paraissait intolérable, un second
succédait, plus atroce, puis un troisième, et ainsi de suite. Serais-je en enfer,
que je souhaiterais en voir les cercles se multiplier, pour pouvoir escompter
une épreuve nouvelle, plus riche que la précédente. Politique salutaire, en
matière de tourments tout au moins.

 *
 À quoi la musique fait
appel en nous, il est difficile de le savoir ; ce qui est certain, c’est
qu’elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n’y saurait
pénétrer.

 *
 Nous aurions dû être
dispensés de traîner un corps. Le fardeau du moi suffisait.

 *
 Pour reprendre goût à
certaines choses, pour me refaire une « âme », un sommeil de
plusieurs périodes cosmiques serait le bienvenu.