dimanche 31 mai 2015

Les déferlantes

Je savais que l'on pouvait rester très longtemps comme ça, les yeux dans la mer, sans voir personne. Sans parler. Sans même penser. Au bout de ce temps, la mer déversait en nous quelque chose qui nous rendait plus fort. Comme si elle nous faisait devenir une partie d'elle. Beaucoup de ceux qui vivaient cela ne repartaient pas.


samedi 30 mai 2015

Les Mots


Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un oeuf. Il faut croire que je n'étais pas indispensable. J'aurais voulu être indispensable. A quelque chose ou à quelqu'un. A propos, je t'aimais. Je te le dis à présent parce que ça n'a plus d'importance.


Manuscrit autographe de Jean-Paul Sartre, ébauche des "Mots".

Faust (Extrait)

Sous quelque habit que ce soit, je n’en sentirai pas moins les misères de l’existence humaine. Je suis trop vieux pour jouer encore, trop jeune pour être sans désirs. Qu’est-ce que le monde peut m’offrir de bon ? Tout doit te manquer, tu dois manquer de tout ! Voilà l’éternel refrain qui tinte aux oreilles de chacun de nous, et ce que, toute notre vie, chaque heure nous répète d’une voix cassée. C’est avec effroi que le matin je me réveille ; je devrais répandre des larmes amères, en voyant ce jour qui dans sa course n’accomplira pas un de mes vœux ; pas un seul ! Ce jour qui par des tourments intérieurs énervera jusqu’au pressentiment de chaque plaisir, qui sous mille contrariétés paralysera les inspirations de mon cœur agité. Il faut aussi, dès que la nuit tombe, m’étendre d’un mouvement convulsif sur ce lit où nul repos ne viendra me soulager, où des rêves affreux m’épouvanteront. Le dieu qui réside en mon sein peut émouvoir profondément tout mon être ; mais lui, qui gouverne toutes mes forces, ne peut rien déranger autour de moi. Et voilà pourquoi la vie m’est un fardeau, pourquoi je désire la mort et j’abhorre l’existence.



vendredi 29 mai 2015

Bénédiction

Être seul, ne serait-ce que quelques minutes, et le comprendre de tout son être, est une bénédiction que nous songeons rarement à invoquer. L’homme des grandes villes rêve de la vie à la campagne comme d’un refuge contre tout ce qui le harcèle et lui rend la vie intolérable. Ce dont il n’a pas conscience, c’est qu’il peut être plus seul dans une ville de dix millions d’habitants que dans une petite communauté. L’expérience de la solitude conduit à une réalisation spirituelle. L’homme qui fuit la vie, pour être à même de faire cette expérience, risque bien de s’apercevoir à ses dépens, surtout s’il amène dans ses bagages tous les désirs que la ville entretient, qu’il n’a réussi qu’à trouver l’isolement. « La solitude est faite pour les bêtes sauvages ou pour les dieux », a dit quelqu’un. Et il y a du vrai là-dedans.


jeudi 28 mai 2015

La nuit Des Temps (2)


Je suis entré et je t'ai vue.

Et j'ai été saisi aussitôt par l'envie furieuse, mortelle, de chasser, de détruire tous ceux qui, là, derrière moi, [...] attendaient de savoir et de voir. Et qui allaient TE voir, comme je te voyais.
Et pourtant, je voulais aussi qu'ils te voient. Je voulais que le monde entier sût combien tu étais, merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle.
Te montrer à l'univers, le temps d'un éclair, puis m'enfermer avec toi, seul, et te regarder pendant l'éternité.





bibliothèque

Nous perdons tous sans cesse des choses qui nous sont précieuses... des occasions précieuses, des possibilités, des sentiments qu'on ne pourra pas retrouver. C'est cela aussi vivre. Mais à l'intérieur de notre esprit - je crois que c'est à l'intérieur de notre esprit - il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une pièce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothèque, j'imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de références, pour connaitre précisément ce qu'il y a dans nos cœurs. Il faut aussi balayer cette pièce, l'aérer, changer l'eau des fleurs. En d'autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothèque.



  

mercredi 27 mai 2015

Existentialisme


Puisque tu veut comprendre l'existence du Bien-Aimé,
Laisse les apparences et pénètre la substance.
Des voiles accumulés nous cachent Son essence,
Il est plongé en Lui-même et l'univers est plongé en Lui.




Turkish Islamic Art,Arabic Calligraphy

Poésie

Lorsqu'on a pressenti, rien qu'une fois, l'immensité de notre aventure humaine, on peut se demander ensuite quelle force nous retient dans l'étroit. Quelle force est là, qui fait que nous poursuivons quand même la route sans fomenter des bouleversements et sans abattre les murs ?
  
 La poésie – si elle s'inscrit en nous –, tout en admettant de nous regarder cheminer, nous délivre.
  
 Parfois, se mirant dans l'un de nos destins, elle nous découvre son envers terrestre qui est l'amour. Alors, malgré les tiraillements, nous nous sentons sauvés ; et en réalité nous le sommes, sauvés, ici et ailleurs


mardi 26 mai 2015

Le visage émerveillé

Je pense aux femmes, à toutes les femmes, aux reines, aux épouses qui ont déjà plusieurs petits enfants, aux jeunes filles,
                  à nous qui sommes vos fiancées, Seigneur.
               
                Un homme vient qui leur tient les cheveux, la tête, la bouche renversés.
            
                Je pense à toutes qui étaient libres, orgueilleuses, qui marchaient sur les routes ou dans un petit jardin.

                Un homme vient qui les respecte, et puis qui les aime et les désire.
            
                Elles étaient libres

                Il y en avait de hautaines qui disaient :
                — Moi, je n’ai jamais rien demandé à personne.

                Un homme est là qui a sa bouche toute collée contre leur oreille ; il les interroge :
         
                — N’est-ce pas, vous voulez bien que je vous aime, que je m’étende près de vous, que je me penche sur votre cœur ?…
                Et elles disent : « oui », doucement, mais c’est plus fort qu’elles, elles disent « oui »…


Si c'est un homme


Vous qui vivez en toute quiétude 
Bien au chaud dans vos maisons, 
Vous qui trouvez le soir en rentrant 
La table mise et des visages amis, 
Considérez si c'est un homme 
Que celui qui peine dans la boue, 
Qui ne connaît pas de repos, 
Qui se bat pour un quignon de pain, 
Qui meurt pour un oui ou pour un non. 
Considérez si c'est une femme 
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux 
Et jusqu'à la force de se souvenir, 
Les yeux vides et le sein froid 
Comme une grenouille en hiver. 
N'oubliez pas que cela fut, 
Non, ne l'oubliez pas : 
Gravez ces mots dans votre cœur, 
Pensez-y chez vous, dans la rue, 
En vous couchant, en vous levant ; 
Répétez-les à vos enfants,......





lundi 25 mai 2015

Crise de la culture

La société de masse est peut-être encore plus sérieuse, non en raison des masses elles-mêmes, mais parce que cette société est essentiellement une société de consommateurs, où le temps du loisir ne sert plus à se perfectionner ou à acquérir une meilleure position sociale, mais à consommer de plus en plus, à se divertir de plus en plus (...) Croire qu'une telle société deviendra plus "cultivée" avec le temps et le travail de l'éducation, est, je crois, une erreur fatale (...) l'attitude de la consommation, implique la ruine de tout ce à quoi elle touche.



L'épuisement 2

J'ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d'être seuls et demandent au couple, au travail, à l'amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l'amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d'être seuls fait d'eux les personnes les plus seules au monde. 


dimanche 24 mai 2015

Pensées libres

La durée de la vie de l’homme? Un point. Sa substance ? Un flux. Ses sensations? De la nuit. Tout
son corps? Un agrégat putrescent. Son âme? Un tourbillon. Sa destinée? Une énigme insoluble. La
gloire? Une indétermination. En un mot, tout le corps n’est qu’un fleuve ; toute l’âme, un songe et une fumée ; la vie, un combat, une halte en pays étranger ; la renommée posthume, c’est l’oubli. Qui donc peut nous guider? Une seule et unique chose, la philosophie. Or, la philosophie consiste à garder le démon intérieur pur d’insolence et de méchanceté, plus fort que les plaisirs et les peines, exempt de
témérité, de mensonge et d’hypocrisie, indifférent à ce que font ou ne font pas les autres; puis, soumis
aux cas fortuits et à son propre sort, car cela vient de la même source que lui ; et surtout préparé et
doux envers la mort, car elle n’est pas autre chose que la séparation des éléments dont chaque être
animé se compose. Mais, si les éléments eux-mêmes ne souffrent pas de leurs incessantes et mutuelles métamorphoses, pourquoi redouter le changement et la dissolution universelle ? C'est conforme à la nature, et rien n’est mal de ce qui est selon la nature.





samedi 23 mai 2015

L'oubli

J'aurais brassé les papiers, comme un jeu de cartes, et je les aurais étalés sur la table. C'était donc ça, ma vie présente ? Tout se limitait donc pour moi, en ce moment, à une vingtaine de noms et d'adresses disparates dont je n'étais que le seul lien ? Et pourquoi ceux-là plutôt que d'autres ? Qu'est-ce que j'avais de commun, moi, avec ces noms et ces lieux ? J'étais dans un rêve où l'on sait que l'on peut d'un moment à l'autre se réveiller, quand des dangers vous menacent. Si je le décidais, je quittais cette table et tout se déliait, tout disparaissait dans le néant. Il ne resterait plus qu'une valise de fer-blanc et quelques bouts de papier où étaient griffonnés des noms et des lieux qui n'auraient plus aucun sens pour personne


vendredi 22 mai 2015

Les Mots

telles des créatures émotionnelles
mes mots s’emmêlent, s’enlacent, 
se dénudent, dans une danse endiablée, 
dans une performance inattendue
dans un corps-à-corps qui fait fi du temps, 
sous le regard inquiet de l’invisible
se fige telle une statue de porcelaine, 
pour ne rien rater de cette beauté
que je m’octroie le droit de me taire
de detourner le regard
et de me regarder ailleurs
la ou je suis a la fois, le miroir
et le visage sur ce miroir…



source : https://www.facebook.com/Dr.Aziz.Djalane?fref=nf

Nos séparation


Nous étions comme ces bougies qui ne finissent pas de se consumer, ces bougies qui donnent l'impression qu'elles ne pourraient jamais se consumer tant qu'une infime flamme survit dans la cire.




Liberté

... vous m'avez appris qu'être un homme libre c'est plus que vivre dans un lieu où on proclame la liberté. Vous m'avez appris qu'être libre, c'est une bataille qu'il faut livrer tous les jours, contre tous les pouvoirs, contre toutes les peurs.


jeudi 21 mai 2015

Frontières

Tout ce qui est dans la création existe en
vous, et tout ce qui existe en vous est dans
la création. Il n'est pas de frontière entre
vous et les choses les plus proches, et il n'y
a pas de distance entre vous et les choses
les plus éloignées. Et toutes les choses, de la
plus basse à la plus élevée, de la plus petite
à la plus grande, sont en vous dans une
complète égalité. Dans un atome, on trouve
tous les éléments de la terre; dans un mou-
vement de l'esprit se trouvent tous les mou-
vements des lois de l'existence; dans une
goutte d'eau se trouvent tous les secrets des
océans sans fin; dans un aspect de vous,
il y a tous les aspects de l'existence.





mercredi 20 mai 2015

tant rêvé

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance 
De la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués 
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.




Illusion

Je me suis rendu compte que ces clichés, nos enfants les regarderaient un jour avec admiration, en se figurant que leurs parents menaient des vies lisses et rangées, se levaient le matin pour arpenter fièrement les trottoirs de la vie, sans se douter du délire, de la déglingue, de la déjante des réalités de notre existence, de notre nuit, de notre enfer, cauchemar absurde de cette route-là.


mardi 19 mai 2015

Pierre écrite

« Je veux penser que ce qui me détermine quand je m’attache à des peintres ou des poètes, ce ne sont pas des convictions déjà établies en moi mais des pulsions inconscientes, dont j’ai à découvrir le sens autant que j’ai à comprendre ces autres. »

Yves Bonnefoy




Blues



Gary Moore :

Parisienne Walkways 


Du Frimas sur la mer

Sur le tableau

     du monde

     s’étend

     l’encre de Chine

       

     une nuit

     j’ai vu la mer

     amoureuse


Le lys dans la vallée


Un soir je la trouvai religieusement pensive devant un coucher de soleil qui rougissait si voluptueusement les cimes en laissant voir la vallée comme un lit, qu’il était impossible de ne pas écouter la voix de cet éternel Cantique des Cantiques par lequel la nature convie ses créatures à l’amour. La jeune fille reprenait-elle des illusions envolées ? la femme souffrait-elle de quelque comparaison secrète ? Je crus voir dans sa pose un abandon profitable aux premiers aveux, et lui dis : — Il est des journées difficiles !
— Vous avez lu dans mon âme, me dit-elle, mais comment ?


lundi 18 mai 2015

Femmes


Chaque femme est pour un homme, d’ici ou d’ailleurs, vêtue d’or et de puissance ou de poussier de charbon et de colère, celle qui règne sur l’empire de ses songes, le seul, le grand amour, celui qui rend les autres amours dérisoires, presque ridicules, la femme, avec F comme fée, comme fête, comme féerie, comme fantastique, comme fenaison, comme fumée, comme fantaisie, comme fureur, comme fantôme, comme frontière, comme fontaine, comme folie.
Chaque femme est le point vivant, mobile, unique et précis, vers où convergent tous les sentiments d’un homme, qui pour elle goberait les océans, boirait la ciguë, abreuverait les pierres ou les oiseaux de chaque goutte de son sang, contre un sourire, un regard, une parole pas forcément audible, un murmure, un geste, même inachevé.
Chaque femme est, a été ou sera cette brûlure à rien d’autre comparable, qui laisse d’invisibles et ineffaçables cicatrices sur l’âme d’un homme.
[...]
Théâtre escorté d’ombre et de soleil, chaque femme est l’héroïne d’un chef-d’oeuvre qu’il suffirait d’écrire.





Odes éparses


Certains, les yeux tournés vers le passé,
Voient ce qu’ils ne voient pas ; d’autres,
Ces mêmes yeux fixés sur le futur, voient
Ce qui ne peut se voir.

Pourquoi aller mettre si loin ce qui est proche --
Le jour réel que nous voyons ? Du même souffle
Dont nous vivons, nous mourrons. Cueille
Le jour, parce que tu es le jour.


par delà le bien et le mal

C’est quoi une vie d’homme ? c’est le combat de l’ombre et de la lumière… c’est une lutte entre l’espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur… je suis du côté de l’espérance, mais d’une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté.


dimanche 17 mai 2015

Ma vie

“Tu t’en vas sans moi, ma vie. 

Tu roules,
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille. 
Tu me désertes ainsi. 
Je ne t’ai jamais suivie.

Je ne vois pas clair dans tes offres.

Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
À cause de ce manque, j’aspire à tant.
À tant de choses, à presque l’infini…
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu n’apportes.”





samedi 16 mai 2015

Cocon


“Elle s'était durcie à son tour tant l'amour se nourrit du sentiment de l'autre. Sans entraînement le cœur se dessèche. On perd toute faculté à partager. On finit par se protéger en se refermant sur ce qu'on a de plus triste : sa solitude.”




https://www.facebook.com/pages/Le-noir-me-va-si-bien/1464721817135475?pnref=story

Journal

« Rien qu’un mot. Rien qu’une prière.
Rien qu’un mouvement de l’âme.
Rien qu’une preuve que tu vis encore et que tu attends.
Non, pas de prière, rien qu’un souffle,
pas même un souffle, rien qu’une disponibilité,
pas même une disponibilité,
rien qu’une pensée, pas même une pensée,
rien qu’un paisible sommeil . »




Pétronille

[…] je ne parle pas ici de beauté ni de laideur, je parle de cette chose si vague et si importante que l'on nomme physionomie. Au premier coup d’œil, il y a des êtres qu'on aime et des malheureux qu'on ne peut pas encadrer. Le nier serait une injustice supplémentaire.


Fragments verticaux

Nul ne possède rien. Pour posséder quelque chose, il est nécessaire de le mettre à nu, de s'emparer de son centre et d'avoir un espace où le protéger. Pour posséder une rose, nul ne peut la dévêtir de ses pétales et retenir son arôme. Les mains de l'homme sont toujours des mains vides. peut-être notre exercice fondamental consiste-t-il à écrire avec les mains vides.



Les livres de ma vie


Quels ont été les sujets qui m'ont fait rechercher les auteurs que j'aime, qui m'ont permis d'être influencé, qui ont façonné mon style, mon caractère, ma conception de la vie? Les voici en gros: l'amour de la vie, la poursuite de la vérité, de la sagesse et de la compréhension, le mystère, la puissance du langage, l'ancienneté et la gloire de l'homme, l'éternité, le but de l'existence, l'unité de toute chose, la libération de soi-même, la fraternité humaine, la signification de l'amour, les rapports entre le sexe et l'amour, le plaisir sexuel, l'humour, les bizarreries et les excentricités dans tous les aspects de la vie, les voyages, l'aventure, la découverte, la prophétie, la magie (blanche et noire), l'art, les jeux, les confessions, les révélations, le mysticisme, et plus particulièrement les mystiques eux-mêmes, les religions et cultes divers, le merveilleux dans tous les domaines et sous tous ces aspects car "il n'y a que le merveilleux et rien que le merveilleux".

En ai-je oublié ? Remplissez vous-mêmes les vides ! je me suis intéressé, et je continue à m'intéresser à tout





vendredi 15 mai 2015

Une petite robe de fête

À quoi reconnaît-on ce que l'on aime. À cet accès soudain de calme, à ce
coup porté au cœur et à l'hémorragie qui s'ensuit - une hémorragie de
silence dans la parole. Ce que l'on aime n'a pas de nom. Cela s'approche de
nous et pose sa main sur notre épaule avant que nous ayons trouvé un mot
pour l'arrêter, pour le nommer, pour l'arrêter en le nommant.




À un poète.


Lève le camp. Ils meurent tous de ne point vivre.
Chez eux, à coups félons, halète la rancœur.
A les voir écumant, l'œil jaune et le poing ivre,
Qui ne leur jetterait son idéal au cœur ?

Oh ! cependant, il est quand même aussi des hommes
Dont le rêve à tâtons secoue un pan du ciel,
Et que loin de l'alcôve où laidement nous sommes,
Le temps fait rayonner comme l'amour sans fiel.

Poète, sois des leurs dans ta musique ardente.
La bouche de l'ignoble enfante les vieillards.
Deviens celui qui pose un fabuleux andante
Sur les chemins fourbus et noyés de brouillards.

Sois tout ce que d'aucuns voudraient t'empêcher d'être.
L'abominable siècle osera-t-il jamais,
Au fond de l'avalanche obscène du paraître,
Ensevelir ta voix promise aux blancs sommets ?

Non, ce n'est pas demain que se tairont les anges.
Des ailes tour à tour ébauchent leur envol.
Les vivants sont ailleurs, nés pour d'autres vendanges
Et doués d'une flamme à soulever le sol.

Nul mieux que toi ne court du brin d'herbe à l'étoile ;
Nul ne raconte mieux le sublime et le saint ;
Nul encore quand l'aube immobile se voile,
Ne sait mieux conquérir quelque mouvant dessein.

Avec tes mots brandis au cœur loyal des choses,
Le vertige est plus clair et le sort plus aigu,
Le vent goûte, assoiffé, de foisonnantes roses
Et l'éden cajoleur n'a plus rien d'ambigu.

Aucun n'embrasse mieux les destins ou les mondes ;
Et s'échappant, filant, vibrant jusqu'au soleil,
S'illuminent en chœur ces minutes fécondes
Qu'en vain, mirage amer, on enlace au réveil.

Tu nous connais si bien du feu de tes mains pleines ;
Tu déroules si haut les cantiques des forts :
Echarpe longue et chaude, hymne au-dessus des plaines,
Embrasement levé parmi les vastes ports.

Combien chez toi l'oiseau, le nuage et la foudre
Ont la suavité d'un éclat de velours ;
Combien dans la fleur même en train de se dissoudre,
Tu suscites la graine où tout revit toujours.

Toujours ! les nids fameux, l'abeille qui s'étonne,
Toujours ! l'été nomade aux éclairs palpitants,
Le bois charnel ému sous les doigts de l'automne
Et l'hiver consumé par la foi du printemps... 

Mais tout à coup, mais tout à coup ce flot vacille.
Un maléfique trouble ensemence la peur.
Le vulgaire allongé tel un mesquin bacille,
Empoisonne ton verbe emplumé de torpeur.

A terre, blême, éteint, le sommeil sur la joue,
Tu ne cultives plus que des mots expirants
Pendant que la bêtise infatigable joue
A travers les faisceaux lumineux des écrans.

Poète, hélas ! il est bien tard ; à peine était-ce
Une chimère peinte aux lèvres de l'ennui.
L'heure est au haïssable, au vide, à la tristesse
Et la malignité n'aime que trop sa nuit.

Nulle âme ne fendra les confins nus des songes.
Va, tu n'es déjà rien avec ton bleu pavois.
Le troupeau gigantesque et repu de mensonges,
Bêle à n'en plus finir pour étouffer ta voix.


ambiance musicale :
Giuseppe Verdi - La Force du destin, Ouverture (extraits).
Tullio Serafin dirige l'orchestre de la Scala de Milan.
Enregistrement de 1954 (Libre de droits)



Être poète n'est pas une ambition que j'aie, c'est ma manière à moi d'être seul. 
Fernando Pessoa (Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes,
trad. Armand Guibert, p.38, nrf Poésie/Gallimard)


jeudi 14 mai 2015

l'home universel


Les grands esprits sont ceux qui savent reconnaître en toute intégrité les individus qui par leurs dévouements et sacrifices contribuent à l'épanouissement de l'homme universel. 





Ego

Un jour vous comprendrez que la seule personne qui sera toujours à vos côtés, et à qui vous ne donnez pas tout l'amour qu'elle mérite, c'est vous même. Et ce jour là vous réaliserez que toute votre vie, c'est vous-même que vous avez fait le plus souffrir, et ce, injustement.