Bouleversant les ombres et la couche, ramassé, détendu ; divisant, rejetant les flots du linceul vague, l’être enfin se défait de leur désordre tendre . La vertu d’être Soi le parcourt. Être Soi le saisit comme une surprise ; et parfois heureuse surprise, parfois un immense malheur. Que de réveils voudraient n’être que rêves !... Mais sur-le-champ l’unité s’empare des membres, et de la nuque jusqu’aux pieds un événement se fait homme. Debout ! crie tout mon corps, il faut rompre avec l’impossible !... Debout ! Le miracle d’être debout s’accomplit. Quoi de plus simple, quoi de plus inexplicable que ce
prodige, Equilibre ? Surgis, maintenant, marche, rejoins tes desseins dans l’espace ; suis tes regards qui ont pris leur vol dans ce qu’on voit ; pénètre, avec des pas que l’on peut compter, dans la sphère des lumières et des actes, et compose tes forces à des objets qui te résistent... Et toi, je t’abandonne quelque temps, Douceur de n’être pas ! J’oublierai le sommeil jusqu’à la nuit. A ce soir, jeux obscurs, monstres, scènes impures, et vous, vaines amours !... Je me dépouille maintenant de mon état
inconnaissable. O qui me dira comment au travers de l’inexistence ma personne tout entière s’est conservée, et quelle chose m’a porté inerte, plein de vie et chargé d’esprit, d’un bord à l’autre du néant ? Comment se peut-il que l’on ose s’endormir ? Quelle confiance dans la fidélité de mon corps, dans le calme de la nuit, dans l’ordre et la constance du monde !... Ce soir, tu reviendras, Absence ! Vous régnerez derechef dans quelques heures, effrayante impuissance inconnue, faiblesse essentielle, charme invincible qui enchaînes les yeux fermés à leurs images... On ne peut pas se retourner, engagés dans la gangue du sommeil, pour prendre sur le fait le Singe qui montre les Songes
prodige, Equilibre ? Surgis, maintenant, marche, rejoins tes desseins dans l’espace ; suis tes regards qui ont pris leur vol dans ce qu’on voit ; pénètre, avec des pas que l’on peut compter, dans la sphère des lumières et des actes, et compose tes forces à des objets qui te résistent... Et toi, je t’abandonne quelque temps, Douceur de n’être pas ! J’oublierai le sommeil jusqu’à la nuit. A ce soir, jeux obscurs, monstres, scènes impures, et vous, vaines amours !... Je me dépouille maintenant de mon état
inconnaissable. O qui me dira comment au travers de l’inexistence ma personne tout entière s’est conservée, et quelle chose m’a porté inerte, plein de vie et chargé d’esprit, d’un bord à l’autre du néant ? Comment se peut-il que l’on ose s’endormir ? Quelle confiance dans la fidélité de mon corps, dans le calme de la nuit, dans l’ordre et la constance du monde !... Ce soir, tu reviendras, Absence ! Vous régnerez derechef dans quelques heures, effrayante impuissance inconnue, faiblesse essentielle, charme invincible qui enchaînes les yeux fermés à leurs images... On ne peut pas se retourner, engagés dans la gangue du sommeil, pour prendre sur le fait le Singe qui montre les Songes