En présence
de la lumière, et toutefois hors d’elle, de la fenêtre haute, l’Ange du monde
entier
qui d’une voix d’azur et d’or, sur le seuil de ce jour
toutes ces choses qui sont en ce moment même et qui sont comme si elles
n’étaient point ; en présence de mes mains, de mes puissances, de mes
faiblesses, de mes modèles, et hors d’eux ; distinct de mes jugements,
également éloigné de tous les mots et de toutes les formes, séparé de mon nom
dépouillé de mon histoire, je ne suis que pouvoir et
silence, je ne fais point partie de ce qui est éclairé par le soleil, et mes
ténèbres ne m’appartiennent point. Mon
silence m’assiste ; mon abstention est plénitude. Comme le poing fermé et
durci contient la diversité des actes, ainsi je me ressens et je me vois. Le
total de mes paroles est muet ; la puissance d’exprimer, dans toute sa
force se résume et se nie en moi. Dans un état de possession si concentrée,
plus générale que la vie qui la supporte, mon âme édifiée au-dessus des êtres
et des idées par les vertus du corps reposé, se sent égale en existence à tout
ce monde visible et possible qui la presse d’une multitude d’images du soleil
et l’obsède de tant de signes de mouvement
Même le groupe caché de ses opérations, même le secret
sentiment de ses chances infinies lui semblent tout distincts d’elle-même. Mon
esprit pense à mon esprit et mes yeux considèrent ma main
Je songe à la quantité des usages et des actes de cette
main qui sont innombrables pour nous, et peu variés quant à elle... O moment,
je ne suis que détails hors de toi, je ne suis qu’un fragment de ce que je
puis, je ne suis que moi hors de toi ! Bel instant, balcon du
temps, tu supportes au moyen d’un homme un regard d’univers, une parcelle de ce
qui est contre toute chose. Je respire sur toi une puissance
indéfinissable, comme la puissance qui est dans l’air avant l’orage
de la lumière, et toutefois hors d’elle, de la fenêtre haute, l’Ange du monde
entier
qui d’une voix d’azur et d’or, sur le seuil de ce jour
et de l’espace libre, annonce les cieux, les campagnes, les mers, les étendues,
les peuples et les déserts, proclame et représente le reste et le Tout, affirmetoutes ces choses qui sont en ce moment même et qui sont comme si elles
n’étaient point ; en présence de mes mains, de mes puissances, de mes
faiblesses, de mes modèles, et hors d’eux ; distinct de mes jugements,
également éloigné de tous les mots et de toutes les formes, séparé de mon nom
dépouillé de mon histoire, je ne suis que pouvoir et
silence, je ne fais point partie de ce qui est éclairé par le soleil, et mes
ténèbres ne m’appartiennent point. Mon
silence m’assiste ; mon abstention est plénitude. Comme le poing fermé et
durci contient la diversité des actes, ainsi je me ressens et je me vois. Le
total de mes paroles est muet ; la puissance d’exprimer, dans toute sa
force se résume et se nie en moi. Dans un état de possession si concentrée,
plus générale que la vie qui la supporte, mon âme édifiée au-dessus des êtres
et des idées par les vertus du corps reposé, se sent égale en existence à tout
ce monde visible et possible qui la presse d’une multitude d’images du soleil
et l’obsède de tant de signes de mouvement
Même le groupe caché de ses opérations, même le secret
sentiment de ses chances infinies lui semblent tout distincts d’elle-même. Mon
esprit pense à mon esprit et mes yeux considèrent ma main
Je songe à la quantité des usages et des actes de cette
main qui sont innombrables pour nous, et peu variés quant à elle... O moment,
je ne suis que détails hors de toi, je ne suis qu’un fragment de ce que je
puis, je ne suis que moi hors de toi ! Bel instant, balcon du
temps, tu supportes au moyen d’un homme un regard d’univers, une parcelle de ce
qui est contre toute chose. Je respire sur toi une puissance
indéfinissable, comme la puissance qui est dans l’air avant l’orage